Anakronic « Spoken machine » (2015)

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Anakronic revient en 2015 en grande pompe : tout juste sorti de leur résidence à Paloma de Nîmes le 4 mars dernier, à peine remis de leur show dantesque en première partie de The Parov Stelar au Zénith de Paris, les toulousains ont des étoiles plein les yeux. Deux ans après leur très bon « Noise in sepher », les chimistes de l’electro klezmer repartent fort… mais sous un autre visage !

« Noise in sepher », sans véritable surprise avec un peu de recul, a été un succès. La puissance et la finesse des 12 titres ne pouvaient rendre autre chose qu’une tournée agitée, taillée pour le live, dans les tuyaux d’Anakronic. Mais appelons-les par leur vrai nom : Anakronic Electro Orkestra, dans son nom composé en tous cas, s’accorde un peu de répit. En 2015, le « Electro Orkestra » disparaît pour une paire de mois (rassurez-vous, il va bientôt revenir) et le groupe devient simplement Anakronic. Cet aparté, clairement assumé, dévoile de nouveaux traits, un nouvel horizon, dessinés par une personnalité connue de l’univers du groupe, Taron Benson. Pour les puristes, inutile de rappeler que Taron Benson était aux manettes du track Noise in sepher part.2, sur le précédent album. Elle frappait par sa voix, sa griffe hip hop et son flow tranchant. Ce côté rap, Anakronic a voulu l’explorer, le revisiter. « Spoken machine » en est le symbole.

Au programme de cette facette clairement plus expérimentale, Anakronic a voulu voir ce qu’il y avait derrière le voile. Franchir le pas, ne pas hésiter. Et quitte à dévoiler un tout autre visage le temps d’un album, les toulousains, déjà amateurs de la culture hip hop US, se sont entourés de pointures du genre. On retrouve bien sûr Taron Benson, omniprésente sur la quasi-totalité des tracks, mais de nombreux guests reconnus (Pigeon John, Rello Young Botch, Marc Ribot…). Au rayon du mixage, là aussi, les poids lourds se succèdent avec Marc Urselli (Lou Reed…), Richard Segal Huredia (Eminem, Cypress Hill...), Chris Gehringer (Wu Tang Clan…) et Brian Gardner (Snoop Dogg…) pour le mastering.

Imbibé de la tête aux pieds de ces sons US, Anakronic lance la machine. Elle fonce à toute allure et détruit tout sur son passage ! Les beats envahissent les ondes, l’électronique et les guitares suintantes prennent le pouvoir. L’ouverture est brutale, donne le ton, se sature. Taron Benson prend les choses en main, en véritable MC, pour faire vriller Anakronic à coup de Wild Medesin. On sent que le dubstep n’est pas loin, prêt à bondir, toujours à l’affut. Et la mayonnaise n’en finit pas de monter, les scratches ont la part belle, imposent le rythme, sans trembler (The watch).

Après ces deux brûlots subis d’entrée, on craint aussitôt qu’Anakronic ait choisi l’étendard de l’intensité pour se tailler la part du gateau. C’était sous-estimer ces gaillards-là. Bien sûr que de véritables cocktails ne demandent qu’à être lancés comme sur Little princess ou sur la nouvelle version remixée de Noise in sepher part.2 qui ordonnent de cacher les gosses tant elle martèle les têtes ! Pourtant, Anakronic a des réserves…

Prenant soin de ne pas tomber dans la facilité, ce « Spoken machine » veut aussi représenter les influences hip hop dans ses différentes compos. Et elles sont nombreuses. Elle peut frôler le rock ou des guitares psyché comme sur le planant Ouverture comme elle peut réinjecter des tendances klezmer parsemées de rap sur la revisite de Cabbalistic snake en Cabbalistic chamber. Mais ce qui est d’autant plus appréciable, c’est cette sensation de lourdeur, de main mise sur certains tracks : on croirait presque que le monde est froid, sans vie, sur Sound level part 2, où seuls les soubresauts d’une guitare viendraient chasser cette stupeur.

Subitement enfermé dans une boîte métallique qui n’en finit plus de résonner (Just us sans cesse), Anakronic s’offre aussi de sacrés ballades hip hop, teintées de sonorités et de rimes implacables comme sur Sound level part 1 ou encore Armadillo. Bref, « Spoken machine » est une boîte de Pandore pas si éloignée finalement de l’image du groupe. Même si l’opus délaisse le temps d’une quarantaine de minutes cette touche electro/klezmer qui en faisait sa force, ce nouvel essai sous l’appellation raccourcie d’Anakronic offre de belles surprises. Loin des bouillons hip hop qui envahissent la bande FM, loin des triturages dubstep et électroniques qui frôlent l’indigestion quand c’est mal dosé !

Anakronic Electro Orkestra, « Spoken machine », disponible depuis le 2 mars 2015 chez Balagan Box (41 min.)

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